Point de vue et confidences sur le monde fascinant de la finance par des Conseillers experts en Gestion de Patrimoine.

Pour notre 1er numĂ©ro de « CGP Ă  la loupe », LoĂŻc Benzaken – CGP IndĂ©pendant chez LB Pat Ă  St Etienne Ă  eu la gentillesse de se prĂȘter au jeu.

Merci LoĂŻc pour ta confiance.

J’ai choisi de devenir Conseiller en Gestion de Patrimoine suite Ă  des dĂ©sillusions dans mes prĂ©cĂ©dents postes. J’ai commencĂ© par travailler en banques, que ce soit en ligne pour me spĂ©cialiser sur les marchĂ©s boursiers, mais aussi de rĂ©seau afin d’ĂȘtre plus qu’un simple SAV.

Ce qui m’a le plus affectĂ© durant cette expĂ©rience ? La pression commerciale pratiquĂ©e par l’équipe managĂ©riale. Il fallait vendre à tout prix, n’importe quoi Ă  n’importe qui !

Le client n’est qu’un numĂ©ro avec qui on n’échange pas, on ne le connait pas et il ne faut aucune Ă©motion dans la relation client. Ce n’est pas ma philosophie et j’ai fini par faire un burn-out


J’ai donc dĂ©cidĂ© de prendre le taureau par les cornes et ai crĂ©Ă© LB PAT. L’idĂ©e est de remettre la finance et l’accompagnement client en phase avec mes valeurs : honnĂȘtetĂ©, humanitĂ©, confiance et simplicitĂ© pour ne citer qu’elles. Mon travail consiste Ă  accompagner correctement mes clients, leur transmettre les bonnes pratiques, et surtout adapter les produits que je leur propose. Je prends le temps de leur expliquer ma proposition, les points forts des produits mais aussi ses leurs limites et contraintes. Et si au moment de l’échange je me rends compte que je n’ai rien Ă  apporter au client je lui fais savoir, je prĂ©fĂšre un client satisfait que d’avoir vendu pour vendre et qu’il soit insatisfait par la suite.

Mon objectif, quand j’ai choisi d’ĂȘtre CGP, Ă©tait que mes clients puissent me faire confiance et qu’ils puissent souscrire aux solutions que je leur expose en toute transparence et sans crainte de se faire arnaquer, (rĂ©putation qui colle actuellement Ă  la peau de tout salariĂ© de banque).

Si je devais rĂ©sumer en une phrase je dirais que le CGP est le GPS du patrimoine de ses clients et qu’il se doit de faire son maximum, en toute honnĂȘtetĂ©, afin de permettre Ă  ses clients d’atteindre les objectifs qu’ils se sont fixĂ©s.

Ça, ça serait gĂ©nial ! ça me permettrait de me conseiller qu’un patrimoine ça se construit le plus tĂŽt possible et que mĂȘme Ă  20 ans, il faut se poser les bonnes questions. C’est justement lĂ  que tout dĂ©marre et qu’il faut planter des petites graines pour anticiper l’avenir

Je pense que dans un premier temps je me rassurerai en m’expliquant qu’un patrimoine ce n’est pas des millions. Un salaire et un compte courant c’est dĂ©jĂ  quelque chose que l’on peut amĂ©liorer.

Je me dirai aussi de me fixer un cap mensuel, annuel et dĂ©cennal Ă  atteindre. Le tout en allant chercher de la diversification Ă  la fois sur des supports classiques (livret A, PEL
) mais surtout des produits de qualitĂ©s qui ont fait leur preuve ; quitte Ă  ce que le ticket d’entrĂ© soit un peu plus Ă©levĂ©.

Enfin, je me recommanderai d’aller prendre contact avec un CGP, car il me permettra de mettre tous les premiers Ă©lĂ©ments (Objectifs, Produits qualitatifs,
) en ordre de marche tout en me posant les bonnes questions sur la suite Ă  donner sur mes investissements et mes objectifs.

Si par valeurs on entend les points principaux auxquels ils doivent ĂȘtre attentifs, je pense en lister en particulier 4 :

  • Comprendre le placement sur lequel on investit
  • Être en adĂ©quation avec le placement rĂ©alisĂ©
  • VĂ©rifier les performances du placement
  • Être sĂ»r que l’investissement respecte l’épargne de prĂ©caution et de sĂ©curitĂ©

Pour le premier point, il faut que l’investisseur comprenne le produit sur lequel il place son Ă©pargne. Il est dangereux pour un client d’investir sur un fond s’il ne sait pas oĂč va son argent et c’est le plus gros risque de ne pas revoir cet argent. Personnellement, je suis plus en adĂ©quation avec la mĂ©thode de Warren Buffet : n’investir que dans des sociĂ©tĂ©s que l’on connait et comprend parfaitement (en matiĂšre de secteur, d’activité ). On a ainsi une meilleure visibilitĂ© du futur de cette entreprise, de sa capacitĂ© Ă  dĂ©gager des bĂ©nĂ©fices, si le marchĂ© est porteur ou non. Il ne faut donc pas hĂ©siter Ă  poser des questions, et tant que l’on n’est pas certains d’avoir compris les tenants et aboutissants du produit il ne faut pas y souscrire et continuer de poser des questions.

Le deuxiĂšme point, c’est d’ĂȘtre en adĂ©quation avec l’investissement. Pourquoi investir dans des secteurs ou entreprises qui vont Ă  l’encontre de son Ă©thique ? Il y a tellement de solutions diverses et variĂ©es que l’on n’a pas Ă  se limiter et tout le monde peut trouver chaussure Ă  son pied. Certains clients par exemple seront attirĂ©s par des investissement dans l’immobilier ou des actions d’entreprises lĂ  oĂč d’autres prĂ©fĂšreront investir dans des forĂȘts ou du vin ; et ce n’est pas forcĂ©ment moins rentable.

Le troisiĂšme facteur est de correctement dĂ©terminer la performance souhaitĂ©e du produit. Il faut donc reprendre les performances passĂ©es, et les caractĂ©ristiques du produit, afin de voir si le rendement est cohĂ©rent avec les attentes du client. Bien entendu, les performances passĂ©es ne permettent pas d’anticiper les performances futures, mais donnent une indication. Il faut coupler cela avec ce que l’on sait du produit, pour en supposer les taux futurs. Bien sĂ»r, il faut aussi vĂ©rifier que le niveau de risque est en corrĂ©lation avec la rentabilitĂ© visĂ©e puisque pour un rendement Ă©levĂ©, le risque acceptĂ© par le client doit l’ĂȘtre tout autant.

Enfin, le quatriĂšme et dernier point Ă  vĂ©rifier est que l’investissement ne vienne pas grignoter les seuils de sĂ©curitĂ© et de prĂ©caution. Pour chaque client, je calcule un minimum d’épargne Ă  avoir de cĂŽtĂ© sur des produits sĂ©curisĂ©s Ă  100% (type livret A), pour qu’en cas de besoin sur des charges incompressibles (loyers, crĂ©dits,) ou inattendues (panne d’instrument mĂ©nager ou de voiture, travaux
), ces sommes soient disponibles sous moins de 24 heures. Si l’investissement vient entamer cette Ă©pargne, j’invite mon client a repousser son investissement par prĂ©caution. En effet, trĂšs souvent, les placements que je propose ont un minimum de risque et sont donc pour une durĂ©e recommandĂ©e d’au moins 2 ans. Or, en cas de retrait avant ces 2 ans, le client va gĂ©nĂ©rer une moins-value. Je pense donc qu’il vaut mieux repousser de 6 mois un investissement et ĂȘtre certains de ne pas avoir besoin de l’argent en question et le faire travailler correctement, plutĂŽt que de prendre le risque qu’il ne soit pas disponible ou en perdre une partie par prĂ©cipitation.

Il y en a plusieurs mais la plus persistante est que le Conseiller en Gestion de Patrimoine est rĂ©servĂ© Ă  une Ă©lite, qu’il faut des millions sur ses comptes. Quand j’échange avec mes clients, je leur explique que c’est totalement faux ! Un patrimoine, c’est un tout : c’est simplement ce que l’on dĂ©tient et ce que l’on gagne. Avec un Livret A et un salaire on dĂ©tient un patrimoine, on peut alors fixer des objectifs Ă  atteindre afin de l’étoffer, le perfectionner et aller chercher une meilleure rentabilitĂ©, plus ou moins de risque, etc
 Le patrimoine est composĂ© de plein de leviers, pistons sur lesquels on va jouer afin que l’on soit au plus proche des objectifs du client (financer un mariage, achat rĂ©sidence principale,
) mais aussi pour rĂ©pondre Ă  ses besoins prĂ©sent et futur.

Ensuite il y a cette image qu’un CGP est un commercial qui comme un vendeur de tapis va disparaitre dĂšs lors que le produit est acceptĂ© par le client. Afin de lever cette fausse image, j’explique Ă  mon client ma façon de travailler, que mon accompagnement se fait dans la durĂ©e au travers d’échanges et de rendez-vous. A minima, tous les ans, on fait un rendez-vous de bilan sur son patrimoine et sur la stratĂ©gie que l’on avait mis en place. Est-ce qu’elle a portĂ© ses fruits ? Si oui est-ce qu’il y a de nouveaux Ă©lĂ©ments Ă  prendre en compte (succession, retraite
) ? Si non qu’est-ce qui n’a pas marchĂ©, ne convient pas et comment rĂ©agir. Dans tous les cas, le but est d’avancer main dans la main avec le client et c’est d’ailleurs toujours lui qui a le dernier mot. Je ne suis qu’une boussole, un GPS qui indique une direction mais rien n’empĂȘche d’aller ailleurs.

Enfin, je pense que la psychologie humaine et notre sociĂ©tĂ© influencent Ă©normĂ©ment ces croyances et freins. Il est encore honteux, difficile, de parler d’argent en France, ce n’est pas notre culture. En plus, avoir de l’argent de cĂŽtĂ©, ĂȘtre financiĂšrement plus « riche » que les autres n’est pas normal. On a encore la notion du « vivons heureux vivons caché ». Il m’arrive trĂšs souvent d’avoir des clients qui n’osent pas me faire part de la totalitĂ© de leurs avoirs. Je me dois de leur expliquer que si je veux pouvoir les guider correctement je dois savoir vraiment oĂč ils en sont. Sans cette transparence, mon analyse risque d’ĂȘtre tronquĂ© et je vais donc leur faire de mauvaises suggestions. Mon travail est alors de leur rappeler qu’avoir de l’argent de cĂŽtĂ© n’est pas honteux, que l’on peut investir ces sommes sur des projets vertueux tout en gagnant de l’argent, car personne n’aime perdre de l’argent.  Petit Ă  petit, j’essaye de mettre mes clients en confiance afin d’avoir cette transparence. Bien entendu, la confiance n’exclus pas le contrĂŽle et j’invite toujours mes clients Ă  bien rĂ©flĂ©chir Ă  chacune de mes propositions et Ă  poser un maximum de questions !